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Entretien avec le surréaliste pop Mark Ryden
21.06.2013 à 11h05
Propos recueillis par Boris Coridian
Ce maître américain du pop surréalisme s'est fait connaître en signant la pochette de l'album "Dangerous", de Michael Jackson. Hantée par les fillettes ensanglantées, la viande crue et la figure d'Abraham Lincoln, son oeuvre célèbre les noces de la féerie et du macabre.
Ce maître américain du pop surréalisme s'est fait connaître en signant la pochette de l'album "Dangerous", de Michael Jackson. | MARK RYDEN
Avez-vous l'ambition de faire le lien entre les Beaux-Arts et le pop art?
Appeler cela une ambition signifierait que j'ai une idée précise derrière la tête. Ce qui n'est pas le cas. Je peux comprendre que mon travail soit considéré comme un pont entre les deux mondes, car ils sont une source d'inspiration. Mais j'en mélange beaucoup d'autres, sans plan préconçu. Je vais là où mes anges me mènent.
Pourquoi la figure d'Abraham Lincoln est-elle omniprésente dans votre oeuvre?
Lorsque vous êtes né et que vous avez grandi aux Etats-Unis, vous êtes exposé à son image depuis votre plus jeune âge. Il y a quelque chose d'indéfinissable et de fascinant chez Abraham Lincoln. Il est l'une des premières célébrités à avoir été photographiées. Sur les clichés, son visage semble porter le poids de cette période de l'histoire américaine. Lincoln est
bien plus qu'un président, comme s'il était béatifié et devenu un saint. Peut-être est-il le martyr de notre péché d'esclavage...
Votre univers, très cinématographique, vous emmènera-t-il vers la réalisation?
J'aimerais produire mon film, mais je refuse de ne pas contrôler tout le processus créatif. Or je sais comment Hollywood dévore et recrache les créateurs, donc je résiste à ses sirènes.
Boris Coridian
A lire
Mark Ryden, Pinxit, édition multilingue : allemand, anglais, français, 360 pages, 49,99 €.